Un racisme à peine voilé – Jérôme Host (2004) – suivi d’autres vidéos

France – EN ENTIER – 77 mn

Une série de vidéos militantes suivront la présentation et la vidéo du film, à mettre en parallèle avec l’intérêt des vidéos militantes évoquées aussi ICI SUR LE BLOG par rapport à l’image des précaires. Un préambule y est axé autour de la réflexion et du combat de René Vautier contre la censure : comment la vidéo est une arme de prise en main de son image, de sa parole et du contournement de la censure… bref une arme…

 

Présentation du film sur le site Les mots sont importants en mai 2010, rappelant l’importance de ce film dans un contexte aggravant, dans la foulée de la loi de Chirac votée en 2004 interdisant le voile  :

« Au moment où l’on s’apprête, avec presque autant d’unanimité et d’irresponsabilité qu’en 2004, à légiférer à nouveau pour interdire un voile – cette fois-ci le voile dit intégral, et cette fois dans tout l’espace public – il est plus que nécessaire de voir ou revoir le film de Jérome Host, Un racisme à peine voilé, qui revient sur le pseudo-débat de 2003-2004, sa construction médiatique et politique, ses enjeux réels et ses conséquences concrètes

Octobre 2003 : Alma et Lila Levy sont exclues du Lycée Henri Wallon d’Aubervilliers pour le seul motif qu’elles portent un foulard. S’en est suivi un débat politique et médiatique assourdissant, justifiant dans la plupart des cas l’exclusion des jeunes filles qui portent le foulard à l’école. Février 2004, une loi finit par être votée par l’assemblée nationale, à la demande de Chirac…

Un racisme à peine voilé revient sur cette polémique depuis l’affaire de Creil en 1989 (où deux collègiennes avaient été exclues pour les mêmes raisons) et tente de « dévoiler » ce qui se cache réellement derrière la volonté d’exclure ces jeunes filles. Nous leur avons donné la parole. Ainsi qu’à d’autres [professeurs, militant(e)s associatifs(-ves), féministes, chercheurs(-euses)] regroupé(e)s autour du collectif « Une école pour tous-tes », qui lutte pour l’abrogation de cette loi qu’ils et elles jugent sexiste et raciste… »

– (meilleure qualité du film sur daily motion) – :

La Flèche production : « Quelques semaines après sa sortie en septembre 2004, le film « Un racisme à peine voilé » se voit menacé et interdit de diffusion dans plusieurs villes. Strasbourg, Rennes, Mulhouse, Fontenay-sous-bois, Bondy, Sarcelles, ….. Dans ces villes et dans plusieurs autres, les organisateurs de projections publiques doivent faire face à de multiples difficultés et à de nombreuses pressions. Dans certains cas les projections sont purement et simplement empêchées, dans d’autre cas, la détermination des organisateurs a permis que les projections aient lieu. 

Sélection officielle du 4eme Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris (2006)
Festival des Résistances et Alternatives à Paris (2005)
Festival du Film Antifasciste de Reims (2005)
Salon du Livre Anarchiste de Montreal (Quebec/2005)
Festival des Libertés Bruxelles (Belgique/2005)
5ème Festival Antiraciste, Antifasciste & Anticapitaliste à Genève (Suisse/2005) »

NOTE D’INTENTION DE JÉRÔME HOST :

« Documente toi un peu avant de claquer ton fric et ton temps dans la réalisation d’un film aux relents nauséabonds du fascisme politique et religieux !!! »

« Voilà le genre de message que nous avons eu le plaisir de recevoir pendant la réalisation de notre film. Le ton définitif de cette agression verbale n’aurait nullement retenu notre attention s’il avait était l’oeuvre d’un vulgaire groupuscule d’extrême droite. Le choc aurait été largement tout aussi amorti si la vomissure était venue de l’estomac d’un(e) militant(e) local(e) dévoué(e) au chiraquisme, ou encore d’une âme égarée par de trop nombreuses années de relations télévisuelles avec TF1 sans préservatif. Mais rien de tout cela. Cette crise d’hystérie venait tout droit de personnes qui en d’autres circonstances et sur d’autres terrains, sont les pourfendeurs les plus radicaux de l’exclusion qu’elle soit sociale, politique ou à caractère raciste.                                                                                                       C’est bien d’un groupe d’une tendance de  » gauche  » que le message nous était parvenu. Cela rappelle étrangement ces débats de l’entre deux tours des fameuses présidentielle de 2002, ou quiconque osait émettre un doute sur la nécessité absolue de crier « aux urnes ! » pour que l’ange Chirac nous délivre du mal, était automatiquement cloué au pilori. Pourtant le « bruit  » des discours sécuritaires de la campagne électorale « et l’odeur » malsaine du choix qui nous était imposé auraient peut-être bien mérité plus de débat… Ces provocations n’ont fait que nous motiver davantage dans notre volonté de comprendre ce qui se cache derrière cette « divine » croyance en l’exclusion comme solution au « problème du foulard à l’école ». La raison pour laquelle nous avons décidé de « claquer notre [peu de] fric et notre temps » (ça on en a déjà plus) dans la réalisation de ce film c’est précisément parce que nous nous sommes documentés. Nous voulons dire que nous avons cherché au-delà des émissions d’Arlette Chabot ou de Charles Villeneuve. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi rencontrer, discuter, se confronter… Bref tout ce que la majorité de celles et ceux qui ne voient dans le foulard qu’un horrible instrument de torture imposé aux femmes, un marquage insupportable de la soumission aux hommes, se refusent à faire.

Mais comment considérer ces jeunes filles comme des « victimes » tout en réclamant pour elles des sanctions ? Étrange féminisme que celui développé par les partisan(e)s de l’exclusion. Il nous semble bien plus féministe de défendre
les droits des femmes, de toutes les femmes, qu’elles soient considérées comme  » putes « ,  » soumises « , et autres. Nous faisons ou avons fait partie pour plusieurs d’entre nous de l’encadrement pédagogique de l’éducation nationale.

L’entreprise de désinformation au sujet du foulard islamique, inaugurée par Sarkozy au congrès de l’UOIF(Union des Organisations Islamiques de France) en avril 2003, nous est apparue d’autant plus flagrante que nous côtoyons
quotidiennement ces jeunes filles. Il est clair que les motivations liées au port du foulard sont diverses et variées.

Restait encore un point à clarifier : comment, en tant qu’athé(é)s à tendance plutôt anticléricale, pouvions nous réaliser un film qui propose un contre discours à l’interdiction du foulard islamique à l’école ? Est-il possible de défendre
une position laïque et pour autant contre l’exclusion des filles portant le foulard à l’école sans risquer d’être taxé de « pro-voile » ou bien encore « d’islamophile » ? Nous espérons que oui. La laïcité selon les textes fondateurs de 1881. 1882 et
1886 impose une neutralité des locaux, des programmes, des enseignant(e)s, mais pas des élèves. Ce qui paraît pourtant évident : On ne naît pas laïque ! Quand à la critique des religions, elle ne peut se faire au mépris des individus
qui les pratiquent. S’attaquer à des adolescentes et leur refuser le droit à l’éducation sous prétexte qu’elles portent un symbole de religiosité n’a rien d’anticlérical : c’est tout simplement lâche. »

 

VIDEOS MILITANTES RÉCENTES : 

Aujourd’hui d’autres vidéos circulent et vont à l’encontre des discours politiques, médiatiques, tout en donnant une autre vision des choses, peu relayée également à l’extrême gauche. Ces vidéos, pas oeuvres cinématographiques en soi, permettent en partie la prise en main de ses images et de ses paroles, et s’inscrivent en partie dans la foulée de très bon documentaire de Jérôme Host et en démontrent toute la pertinence d’alors. La parole ne passe pas par la représentation de tierces ou relais, mais au contraire découle des gens/collectifs/organisations/universitaires etc effectivement engagés face à la stigmatisation d’une religion sous couvert de « laïcité » (législations successives dont la dernière proposition du PS quant aux musulmanes assistantes où leur appartenance religieuse sera signifiée sur le contrat de travail, afin que les parents désireux puissent retirer la garde des enfants, rendant la rupture de contrat légale !). 

Ainsi par exemple le collectif Mamans Toutes Egales (présentation ICI), dont la participation à un meeting à Bagnolet a fait l’objet d’une vidéo de 11 mn, avec différentes interventions, peu présentes dans le champ médiatique et militant de gauche traditionnel :

Ce type de vidéos militantes mettent en avant des paroles absentes/écartées de l’espace public ou peu relayées, tandis que des censures ont été attestées ici ou là. Les débats/conférences organisées contre l’islamophobie suscitent tout particulièrement les censures des politiques, y compris « à gauche ». Ainsi une tentative de censure d’une conférence à Bagnolet par le PS et Les verts, dans le cadre du Printemps des quartiers 2012. Cette chappe de plomb sur la prise de parole publique est significative, et les vidéos militantes qui circulent ont donc un intérêt majeur face à la censure et les propagandes opposées, qu’elles soient de droite ou de gauche, ou au silence et au malaise du milieu de gauche là-dessus lorsqu’il ne se positionne pas et fuit une certaine réalité (l’antiracisme n’est pas toujours très confortable lorsqu’il dépasse les positions de principe remettant en cause certaines convictions dogmatiques et fermées à L’autre). Il est ainsi dit sur le site du Printemps des quartiers qu’une réunion du 31 mars « a exprimé le rejet de la censure « morale » que l’on veut nous imposer visant à empêcher  une analyse structurelle d’ensemble du désordre social et politique, où le national s’articule à l’international, avec une radicalisation sécuritaire, nationaliste et islamophobe que nous avons voulu dénoncé« . 

 

Toujours dans le réseau de vidéos militantes, partagées sur sites, blogs et via les réseaux sociaux, notons une conférence de Thomas Deltombe sur l’islamophobie construite dans les médias et le lien établi avec la colonisation : tout en reconnaissant une islamophobie, s’appuyant sur un long travail d’investigation, il établit que ça ne doit pas s’arrêter à un constat de l’islamophobie et qu’elle renvoie également à un racisme structurel plus large. D’où dans ses propos, une forme d’encouragement à la lutte contre l’islamophobie au reste du combat antiraciste (sans doute cerne t il un possible repli communautaire – compréhensible mais piège ) : VIDEO VISIBLE ICI (25 mn)

Thomas Deltombe, sur oumma.com : « S’il me semble important de ne pas plaquer une grille de lecture strictement « coloniale » sur la société française contemporaine, je pense cependant qu’il serait dangereux d’occulter ce passé très chargé qui explique en partie le regard phobique porté par les médias de masse sur la religion musulmane. Aux termes de mes recherches, j’ai le sentiment que d’anciens réflexes sont en train d’être réactivés depuis que des pans entiers du paysage politique français – de droite comme de gauche – semblent s’être réappropriés, sous prétexte de  rupture avec le « politiquement correct », une idéologie héritée de la IIIe République notamment et qui avait eu tendance au cours des dernières décennies à être monopolisée par l’extrême droite.« 

 

Dans le domaine d’existence politique, et donc dans l’espace public, une vidéo militante assez hallucinante réalisée par L’alliance noir citoyenne, quand la Brigade anti-négrophobie a été virée par la police lors de la commémoration sur l’esclavage en 2012 à Paris. Une censure claire du message politique anti-négrophobe (présent sur les t-shirts des militants) et même leur expulsion du lieu. Une vidéo percutante qui démontre le décalage entre antiracisme officiel et la réalité :

La parole « indigène » est de plus en plus fréquente dans ces vidéos sur internet, et ont un intérêt majeur dans un pays où elle n’a pas le droit au chapitre. Alors que durant les décolonisations, par exemple, l’Algérien et l’Algérienne n’avaient pas d’existence à l’image, nous avons ici un outil vidéo qui relaie le combat de terrain d’existence politique – radical et sans concessions, en construction et non homogène. Les attaques médiatiques, politiques, « laïques », pseudo « libertaires » figées (je renvoie ici à L’obscurantisme beauf de Mona Chollet) contribuent à un enfermement de cette parole où elle est caricaturée, diabolisée, ignorée… N’en déplaise à Caroline Fourest « qui voit des islamistes jusque dans sa baignoire » (un internaute), peu à peu cette parole prend de la place et gagne une existence politique nouvelle, même embryonnaire – ou tout au moins elle y aspire. Souvent taxée, pour en revenir à l’islamophobie, d’utilisation de ce dernier terme par la manipulation d’obscurs fondamentalistes internationnaux, voici un texte ICI faisant l’historique sur le terme « islamophobie »… Tiens, on en revient à la période coloniale…

Pour conclure, une petite vidéo de Nabe, assez drôle quant à la fausse tolérance et le secours de Le Pen comme caution antiraciste pour mieux cacher son propre racisme… Jusqu’à ce que…