Les artistes sous le chapiteau : les perplexes – Alexander Kluge (1968)

Allemagne – EN ENTIER – VO sous titrée italien – 103 mn

Biographie concise d’Alexander Luge, ICI sur Hors circuits, signataire du Manifeste d’Oberhausen, du Nouveau Cinéma Allemand, de 1962 :

« En s’écroulant, le cinéma conformiste allemand entraîne dans sa chute le fondement économique d’une attitude intellectuelle que nous rejetons. Il donne aussi au nouveau cinéma une chance de voir le jour.

Au cours des dernières années, les courts métrages de jeunes auteurs, réalisateurs et producteurs allemands ont récolté un grand nombre de prix dans des festivals internationaux et donc la reconnaissance de la critique internationale. Les succès remportés par ces créations démontrent que l’avenir du cinéma allemand appartient à ceux qui ont prouvé qu’ils parlent un nouveau langage cinématographique.

En Allemagne, comme déjà dans d’autres pays, le court métrage est devenu l’école et le champ d’expérimentation du long métrage. Nous proclamons notre ambition de créer le nouveau cinéma allemand.

Ce nouveau cinéma a besoin de nouvelles libertés. Il doit se libérer du conformisme corporatiste, de l’influence des partenaires commerciaux, de la tutelle des groupes d’intérêt.

La production du nouveau cinéma allemand peut compter sur notre apport intellectuel, formel et économique. Nous sommes prêts à assumer ensemble les risques économiques.

Le cinéma de papa est mort. Nous croyons au Nouveau Cinéma.

Oberhausen, 28 février 1962 »

 

Après la mort de son père, directeur de cirque, Leni Peickert décide de créer le sien, digne de son père. Réfléchissant aux possibilités de développement de son art, elle sera confrontée aux réalités économiques qui vont contrecarrer ses tentatives. Mais c’est un échec. Elle entre alors à la télévision et devient technicienne. Elle est rapidement promue à un brillant avenir. Mais elle rêve toujours d’un cirque et met tout en oeuvre pour réussir.

Abschied von gestern – Alexander Kluge (1966)

Allemagne – EN ENTIER – VO sous titrée italien – 88 mn

Arte : « Anita G., qui a fui la RDA en quête d’une vie meilleure à l’Ouest, n’arrive pas à se faire une place dans un monde hostile. Le premier film d’Alexander Kluge, exemple parfait de ce nouveau cinéma allemand que le manifeste d’Oberhausen appelait de ses voeux.

 Anita G. est condamnée pour le vol d’un pull-over dans un magasin. À sa sortie de prison, elle tente de reprendre pied en vendant des disques. Devenue la maîtresse de son patron, elle se retrouve femme de chambre dans un hôtel où elle est à nouveau accusée de vol, à tort. Sa liaison avec un haut fonctionnaire, espoir furtif d’intégration dans la société ouest-allemande, n’aboutit qu’à une nouvelle errance. Enceinte, abandonnée de tous, Anita se livre finalement à la police.
Ce premier long métrage d’Alexander Kluge, un des films initiateurs du Nouveau Cinéma allemand, porte déjà la marque d’une oeuvre qui offrira, selon l’écrivain W. G. Sebald, « la description détaillée de l’organisation sociale du malheur ». Ici, le propos est soutenu par une photo en noir et blanc qui souligne la froideur des villes allemandes dans l’après-guerre, où l’odyssée d’Anita G. se transforme en une errance désespérée. Avec son principe de montage-collage, ses intertitres et sa voix off, échos du théâtre épique brechtien, le film place le spectateur en situation d’observateur distant et critique vis-à-vis d’une société rigide et d’un passé non résolu qui détermine le présent : « Ce n’est pas un abîme qui nous sépare d’hier, mais l’évolution de la situation », annonce le premier insert de texte qui ouvre le film. L’interprétation d’Alexandra Kluge, soeur du réalisateur, renforce le sentiment de présence-absence qui poursuit Anita G. dans ce monde glacé, où les moments d’émotion et même de jubilation absurde ont pourtant leur place. »