(cliquer sur les mots en surbrillance jaune pour accéder aux sites/pages évoqués)
Vous avez peut être déjà eu l’occasion de voir un film, parmi ses trois réalisés à ce jour, de Dominique Abel ( site officiel de la cinéaste ICI ) ? Nous parlons bien ici de LA REALISATRICE et non de son homonyme belge masculin, co-réalisateur de films tels que La fée ou Rumba. Cette homonymie lui a causé un grand tort financier, aux conséquences hallucinantes, lui empêchant de réaliser d’autres projets, sans soutien de producteur(s) : les films présentés ci-dessous, en effet, ne lui appartiennent plus ! Je reviens là-dessus après l’évocation de ces trois premiers longs métrages en tant que tels, se consacrant au flamenco… et aussi bien plus; car même sans être un grand passionné de flamenco, ou plutôt assez ignorant de cette musique, l’écoutant peu, j’ai bien apprécié Agujetas, cantaor, le seul film que j’ai pu voir en entier de la réalisatrice. Je vous interpellerai sur cette fin de note quant à l’appel à soutien URGENT pour son actuel projet de film Precioza y el aire, avancé mais sans financements : car quiconque a ne serait-ce que 10 euros à apporter au projet via souscription (ici : Production par « crowdfounding »), contribue à la faisabilité du projet… et aura même son nom au générique ainsi que sans doute des places pour la sortie en salles, et le DVD : être associé au générique à une « énergie tellurique » (Juan Herrera, site officiel), plutôt sympa non ? Plus sérieusement, contribuer à ce film dans la foulée des précédents serait sans doute une chose positive pour le cinéma, pour les thèmes profonds et très VIVANTS abordés par la cinéaste, pour notre plaisir et intérêt de spectateurs. Si vous êtes pressés, JE RENVOIE ILLICO PRESTO A CETTE PAGE FORMIDABLEMENT RÉCAPITULATIVE, « POUR QUE DOMINIQUE ABEL PUISSE CONTINUER A FAIRE DES FILMS » (mai 2011), qui comporte aussi une interview très intéressante.
J’attaque donc cette note par les trois films suivants, tout en me focalisant sur des reprises de sites internet au point sur sa filmographie (puisque j’en ai vu qu’un, au demeurant très bien en ce qui me concerne, tandis que les autres m’intriguent fortement) :
Agujetas, cantaor – 59 mn – EN ENTIER – VO non sous-titrée
Fipa 2000 : » Manuel Agujetas est un des plus grands chanteurs de flamenco de tous les temps. Un des derniers représentants de « l’école » de Jerez et du Cante Jondo dans ce qu’il a de plus ancien et de plus pur, farouche ennemi de la modernité, personnalité très libre et originale, mythique, pour le meilleur et pour le pire, à l’intérieur du monde gitan. Ne sachant ni lire ni écrire, Agujetas vit « en flamenco » dans les environs de Jerez, dans la maison qu’il a lui-même construite. C’est là qu’il a été filmé, dans l’intimité de son environnement familier, avec sa femme japonaise qu’il fait danser, dans son jardin, et dans la forge que lui a léguée son père, où il chante tout en martelant l’enclume. Il chante aussi en concert dans une « venta » du village voisin, accompagné par Moraito à la guitare. Des amis d’Agujetas, véritables aficionados, aident à comprendre son art en évoquant ses débuts, sa personnalité si particulière, son père, grand chanteur lui-même, dont il a tout appris et à qui il est resté fidèle. »
LA RÉALISATRICE Dominique Abel : Depuis quinze ans je l’aime et l’admire – parfois bien malgré lui car il est aussi insupportable. Il est, plus que personne, l’incarnation du « Je », mais ce « Je » qui s’affirme à chaque instant n’a rien de narcissique (Agujetas n’a pas un seul de ses disques, un seul des articles que l’on a écrit sur lui depuis vingt ans, il n’a d’ailleurs rien de rien). C’est le « Je » anarchiste, le « Je » de l’indépendance la plus farouche et c’est d’ailleurs son credo dans le film: « Je suis un homme libre ». Sa rage, son violent sentiment – et désir – d’exclusion, exacerbés par sa fidélité absolue aux valeurs qui sont les siennes et au Cante tel qu’il l’a reçu depuis son enfance, tout cela a quelque chose de prophétique. J’ai eu donc, depuis des années, envie de le filmer, j’imaginais un film qui soit une sorte de mélange entre lyrisme et document: Agujetas est un athlète de son art, avec un sens dramatique intimement lié à sa vie. Je pensais que le cinéma pouvait restituer et même sacraliser cette force d’expression. Mais jusque-là, en dehors d’une participation à une anthologie filmée où il chantait un « Martinete », et à quelques apparitions en télévision, Agujetas n’a jamais voulu être filmé et moins encore chez lui. Je lui suis donc reconnaissante de sa confiance…«
Aube à Grenade – 59 mn – Extrait VOSTF :
Fipa 2000 : « Ce film est le premier d’une série de la collection Passages entièrement consacrée au thème de la transmission des arts de la musique et de la danse dans six pays d’Europe (Espagne, Italie, Hongrie, Pays-Bas, Royaume-Uni, France). C’est à Grenade qu’a été tourné ce film, Grenade où le flamenco s’apprend dans les patios de l’Albaysin avec le danseur Manolete et son cousin, le chanteur Jaime, et leurs filles respectives, Judea et Marina. »
Poligono sur, Séville côté sud – 105 mn – Bande annonce :
Sur un de ces terrains vagues brûlés par le soleil aux abords de Séville, les barres HLM des «Tres Mil», concentrent près de 50 000 habitants, presque tous anciens du quartier historique gitan de Triana (de l’autre côté du Guadalquivir). Là se trouve réunie la plus forte concentration de nouveaux artistes flamenco, connus ou anonymes.Comme autrefois à Triana, le quartier chante et danse sa vie quotidienne, et malgré les ravages causés par l’héroïne, les jeunes ne délaissent pas la musique des anciens…
Abus de cine : « Avant la projection du film, la réalisatrice de Poligono Sur, a tenu à s’exprimer sur les attentats perpétrés à Madrid quelques jours auparavant. Très émue par le drame, elle a montré son soutien à la population espagnole tout en manifestant son indignation vis-à-vis des propos tenus par le gouvernement Aznar à propos des auteurs des attentats (accusant l’ETA). Dans la lignée de ses opinions politiques, son film n’est pas anodin puisqu’il traite de manière sous-jacente de l’expulsion de personnes pauvres, que l’on parque ensuite dans un endroit insalubre.
Afin d’être au plus près de la « vraie vie » du quartier, trois petites caméras mini DV ont été utilisées pour filmer, ce format convenant mieux à faire oublier leur présence. Pour ce documentaire / fiction, les habitants des « Tres Mil » sont devenus les acteurs de leur propre vie. Même si au départ, le scénario du film est écrit et mis en scène, Dominique Abel est restée ouverte à tout ce qui pouvait arriver, à la spontanéité, au naturel et bien sûr au grain de folie des habitants.
Derrière le personnage atypique de l’Indien, c’est la volonté de la réalisatrice de montrer que ces habitants sont traités comme des indigènes par le pouvoir public, après avoir été chassé du quartier de Triana. Poligono sur n’est pas un film politique au départ mais musical. Malgré tout, il transmet ce message : A las «Tres Mil », il n’y a pas beaucoup de choix pour vivre : soit tu es artiste, soit tu vends de la drogue. Les habitants sont dans la survie perpétuelle. Pour Dominique Abel, le gouvernement les endort ou les tue en laissant la drogue circuler, car bien entendu cela les arrange. Depuis la projection du film à Séville, les habitants ont miraculeusement obtenu la création d’un local pour le flamenco dans le quartier : un peu d’espoir. Cela prouve bien l’impact d’un film sur les élus, et la manière dont il peut faire bouger les choses. »
Si vous avez eu l’envie de poursuivre jusqu’ici, je vous renvoie à cette page, qui commence par faire la point sur la situation de la cinéaste quant à ses droits d’auteurs retirés et les conséquences : ICI SUR LE SITE FLAMENCO CULTURE
Comme dit en début de note, Dominique Abel est sur la concrétisation d’un projet actuellement : Precioza y el aire. En voici trois extraits de tournage :
Mais après les avoir revus ensemble, elle repense le projet, le réécrit : voilà que le désir est là comme au premier jour. La rencontre avec le collectif de cinéastes Film Flamme-Polygone Etoile est décisive, leur appui est immédiat : elle n’est soudain plus étrangère en France et plus seule. Grâce aussi à l’enthousiasme de Street Bikers, une toute jeune maison de production espagnole qui fait sien le rêve de Dominique, le projet se met définitivement en marche avec, pour unique objectif, voir « Preciosa y el Aire » sur grand ecran. Preciosa y el aire est un long métrage de fiction qui raconte l’histoire de Candela, une fille de 12 ans et de Luis,un gitan de 45 ans, ex compagnon de la mère de Candela. Ensemble ils entreprennent un voyage qu’ils n’ont choisis ni l’un ni l’autre vers le pays voisin, pour aller à la rencontre d’un grand père malade et inconnu de la petite. Au long de leur parcours plein d’embûches, ils vont vivre toutes sortes d’expériences; leur lien, dans l’adversité, n’en sera que renforcé. Puis la providence ne les abonnera pas : ils arriveront juste la veille de la mort du grand père, le voyage aura valut la peine. Ce film est avant tout une parabole poétique. Un road-movie, non pas à la dérive, sinon au contraire tendu vers une quête difficile à atteindre, irremplaçable, et dont les jours sont comptés : la recherche de racines qui vont se révéler essentielles. C’est en même temps une comédie bucolique qui repose entièrement sur un couple insolite qui détruit avec une tendresse jubilatoire les préjugés de tous poils. Sans le savoir c’est un voyage initiatique qu’ils entreprennent ensemble, formant un duo unique, effronté et savoureux.
L’idée d’utiliser le crowdfuding comme méthode de financement se base sur la nécessité d’expérimenter de nouveaux modèles économiques pour les entreprises culturelles , qui soient plus démocratiques avec son public potentiel. Ainsi, grâce au crowdfunding, le public peut décider ce qui l’interesse ou pas, et peut même se voir lui-même immergé dans le monde de la production cinématographique.«
• Vendredi 15 juin à 20h30 : Agujetas Cantaor
• Vendredi 22 juin à 20h30 : Poligono Sur
• Vendredi 29 juin à 20h30 : En nombre del Padre – Aube à Grenade
Lieu : Faculté libre de théologie Protestante de Paris
83 Bd. Arago
75014 Paris
3 films, 3 vendredi, une échéance ….ce mois de juin à Paris, une occasion unique de découvrir (même les DVD sont épuisés), pout tous ceux qui n’ont pu le faire, les 3 films de Dominique Abel ou de les revoir. Projetés en sa présence, elle évoquera aussi l’urgence de réaliser le projet « Preciosa y el Aire », après plusieurs années de lutte à la recherche d’une production en Espagne et en France. Son cinéma est intimement lié à son amour inconditionnel du flamenco.
Présentation de l’évènement par Nathalie Garcia Ramos suivre ce lien:http://www.casaplanete.com/casa_newsletter.html