Massacre allemand à la tronçonneuse – Christoph Schlingensief (1991)

ALLEMAGNE – EN ENTIER (En 5 parties) – VO – 63 mn

 16 millions d’Allemands de l’Est en route vers un Ouest providentiel. 4% d’entre eux ne sont jamais arrivés : auraient-ils été transformés en saucisses.

Deuxième film de la trilogie sur l’Allemagne  de Christoph Schlingensief, constituée de : 100 Jahre Adolf Hitler – Die letzte Stunde im Führerbunker (100 ans d’Adolf Hitler – Les dernières heures dans le bunker du Führer), Das deutsche Kettensägenmassaker (Massacre allemand à la tronçonneuse) et Terror 2000 – Intensivstation Deutschland (Terreur 2000 – Allemagne, bloc de réanimation). Elle a suscité des controverses parfois virulentes chez les critiques et le public.

 

Petite présentation d’Arte du cinéaste, décédé en 2010 :

« Radical, provocateur et tonitruant – Christoph Schlingensief a longtemps été un trublion notoire des arts et du théâtre. « L’un des derniers moralistes parmi les dramaturges » pour les uns, « un homme qui ne provoque que pour provoquer » pour les autres.

Schlingensief force les frontières entre l’art et la réalité. Il met en scène des demandeurs d’asile, des SDF ou des néonazis, comme dans son « Hamlet » en 2001, à Zurich. Lors des législatives allemandes de 1998, son parti, « Chance 2000 », appelle les 4 millions de chômeurs allemands à se baigner tous en même temps dans le lac qui jouxte la maison de vacances d’Helmut Kohl pour l’innonder. 

En 2004, à la surprise générale, le roi de la provocation est invité au festival Wagner à Bayreuth. Mais le scandale tant attendu n’a pas lieu. Son « Parsifal » est un succès complet : le public ET la critique sont conquis. Enfin, on le prend au sérieux en tant qu’artiste. 
Christoph Schlingensief n’en reste pas moins radical, pour preuve sa médiatisation et théâtralisation du cancer qui le ronge, les dernières années. Dans « l’Eglise de la peur », il aborde sa propre mort, ouvrant ainsi une nouvelle dimension de l’authenticité sur scène. 

Son dernier grand projet : la construction d’un palais des festivals en Afrique. Un « village opéra » selon ses propres termes, lieu de rencontre et d’échange. Un projet pour lequel Christophe Schlingensief sillonne l’Afrique à partir de janvier 2009, à la recherche du lieu adéquat. C’est en Afrique occidentale, au Burkina Faso, qu’il le trouve. En février 2010, la construction de ce village-opéra démarre et avec elle la concrétisation de son dernier rêve : une « sculpture sociale » à la Joseph Beuys. »

 

 

Terror 2000 (1994) – Bande annonce :

« A la suite de la réunification des deux Allemagne, des élans xénophobes prennent le pays d’assaut. C’est ce que va découvrir un assistant social chargé de conduire une famille polonaise dans un camp de réfugiés. Kidnappés par des néo-nazis bigarrés et excentriques, eux-mêmes secondés par un curé décadent (Udo Kier, survolté), ils sont alors recherchés par un policier obèse à l’oeil torve et sa femme déglinguée. Dans un style hystérique s’inspirant autant de Fassbinder que de John Waters, Schlingensief nous plonge dans un capharnaüm filmique aussi repoussant que réjouissant, rempli de personnages grotesques et répugnants dont chaque acte s’avère aussi suspect que douteux. Sur l’écran dégouline alors un étalage de mauvais goût mêlant sexe, gore et excréments à un rythme haletant. Dans son dernier volet de sa « Trilogie Allemande », Schlingensief tire à boulets rouges sur le régime d’Helmut Kohl, se moque des médias et dresse un portrait au premier abord détestable d’un pays en pleine dérive. Pour l’auteur, l’absurdité du film ne fait que refléter celle d’une Allemagne en proie à une crise identitaire, et plonge le nez des individus les plus douteux dans leur propre fange. Il n’est guère surprenant alors de comprendre pourquoi de nombreuses personnes ont violemment critiquer le film à sa sortie. C’est trash, politique et jubilatoirement efficace ! »