Trésors de Scopitones arabes, kabyles et berbères – Anaïs Prosaic et Michèle Collery (1999)

EN ENTIER – 57 mn 

Texte de Michèle Collery : « En 1996, alors que nous nous trouvions, Anaïs et moi, chez la productrice Mme Davis-Boyer à rechercher de scopitones* pour un documentaire musical sur la musique judéo-arabe, nos yeux tombent sur quatre boîtes contenant des bobines de films en 35 et 70 mm. Le mot « arabe », inscrit à la craie sur les boîtes éveille notre curiosité.
Interrogeant la productrice, celle-ci répond que ce sont des négatifs de films musicaux arabes destinés à la clientèle immigrée des cafés des années 70. Convaincue de leur inutilité et « quaujourdhui plus personne ne sintéresse à ça », Mme Davis-Boyer, soulagée de sen débarrasser, me fait cadeau de ses films. Je repars avec les bobines sous le bras, convaincue que je viens de récupérer ces fameux scopitones disparus avec les machines qui portaient leur nom au début des années 80.
Nous faisons part de notre trouvaille aux producteurs des Programmes courts de Canal +, eux-mêmes à la recherche de ces précieux documents, qui nous commandent non pas un, mais deux films, un 52 qui deviendra Trésors de scopitones arabes, kabyles et berbères, diffusé le 30 mars 1999 lors dune soirée à thème Médina, et un 26 Oued Saïd Story, uniquement musical, pour le magazine hebdomadaire LOeil du Cyclone.
Commence alors une aventure qui va durer deux ans et demi. De retour chez Mme Davis-Boyer, nous entreprenons, avec sa fille Liliane, le visionnage des films pour reconnaître les artistes sur négatifs, avant dopérer la conversion des pellicules en positif.
Contrairement aux apparences et malgré les 20 ans, voire 30 pour certains, passés dans un garage, la plupart des films sont en bon état.
Le visionnage est une véritable révélation. La première surprise vient des quatre Abranis et de leur glam-rock berbère, – guitare-basse-orgue -batterie, cheveux longs et décolorés, accompagnés des Clodettes, danseuses de Claude François, vêtues de jupe en métal griffées Paco Rabane. Sur des incrustations psychédéliques à la Jean-christophe Averty, suit Dahmane El Arachi, le chanteur pince-sans-rire et aux textes décapants sur la condition du travailleur immigré, – dont une des chansons, Ya Raha reprise par Rachid Taha fait un tabac dans le monde entier – . On retrouve également le barde en exil, Slimane Azem, aussi poète dans ses chansons que drôle dans un sketch, qui se moque avec tendresse des faiblesses de ses compatriotes ; les chansons ciselées de Kamel Hamadi pour sa femme Noura ; Driassa, grand chanteur algérien incontesté ; et les tubes indémodables d Idir avec son look à la John Lennon. Au folklore des bars de Barbès mené par un éblouissant Salah Sadaoui, digne de Henri Salvador, répond celui de Jerrari, son rival comique tunisien. Le chanteur de charme marocain Doukkali et laudacieux Mazouni sont accompagnés de danseuses orientales vaporeuses ou de filles en mini-jupes. Mince et nerveux, Vigon le Marocain joue, sur une chorégraphie à la Dick Sanders, un R & B qui devait faire pâlir James Brown. Avec leur pop électrique et leur façon de manier la guitare, les Golden Hands évoquent Jimmy Hendrix. Mazouni, le don Juan au sourire ravageur, séduit les femmes en les poursuivant de ses assiduités jusque dans les allées des banlieues pavillonnaires, usant dune langue « francarabe » des plus fantaisistes ! Les stars égyptiennes Abdel Halim Hafez et Farid El Atrache sont présentes aussi, ainsi que la belle libanaise, Sabbah qui entonne le célébrissime « Allô Allô Beyrouth » sur des images de la ville datant de 1967, avant les bombardements qui la défigurèrent.
Après le travail de restauration qui simpose, les films sont montés bout à bout. Nous nous lançons à la recherche des chanteurs et auteurs de ces merveilles, let retrouvons les algériens des Abranis, Karim Abranis le guitariste talentueux du groupe et Shamy Elbaz, lorganiste ; nous retrouvons également les chanteurs Djamel Allam ; Rachid Mosbahi ; Kamel Hamadi ; le marocain Abdelwahab Doukkali. Salah Sadaoui qui tient un magasin à Barbès accepte la diffusion de ses films et sketches. Japprends avec tristesse que Dahmane El Harrachi sest tué en voiture en 1980 sur la corniche dAlger, mais que son fils, chanteur également vit à Paris.
Parallèlement à la recherche des ayants-droits dont soccupent notre producteur et Mme Davis-Boyer en personne, nous poursuivons notre montage bout à bout. »

Oued saïd story – EN ENTIER – Avec sous titres – 26 mn

Film musical sur des chansons algériennes, marocaines, tunisiennes, égyptiennes, libanaises des années 60/70 (Salah Sadaoui, Noura, Kamel Hamadi, Mazouni, Slimane Azem, Dahmane El Harrachi, Mohamed Jerrari, Taroub, Idir, Rachid Mesbahi, Les Abranis et les Clodettes, Golden Hands, Vigon, Farid El Atrache, Abdem Alim Hafez, SABBAH)

Et un clip de Rachid Taha, inspiré par les scopitones et le documentaire (dans lequel il intervient)  :