La grande lutte des mineurs – Réalisation collective La fédération des Travailleurs du sous-sol (sous la direction de Louis Daquin) (1948)

EN ENTIER – 11 mn – Avec la contribution de René Vautier.

Ciné-archives : « La longue et âpre grève des mineurs français de novembre et décembre 1948. Après une évocation de la dureté de la profession, ce film d’agitation décrit le déclenchement de la grève, son déroulement, et s’achève par un appel à la solidarité. Un discours véhément, une bande son extrêmement travaillée, des images d’affrontements et un montage remarquable stigmatisent les agissements des C.R.S. (« CRS=SS »), la présence de l’armée dans les corons et les responsabilités du gouvernement soumis aux intérêts américains. À rebours, ce film collectif exalte l’héroïsme des mineurs, la solidarité et l’internationalisme prolétariens. Le nom du ministre socialiste Jules Moch est prononcé « moche », (sans doute pour la rime avec le mot « boche » également utilisé). Séquence montrant les bus des municipalités communistes de la région parisienne venant chercher les enfants de mineurs (bus de Bezon, Villejuif, Stains, Dugny, Gentilly, Issy-Les-Moulineaux, Villeneuve-Saint-Georges). Le commentaire précise que l’on propose aux mineurs étrangers « un dilemme machiavélique » : « le travail de briseur de grève, ou la reconduite à la frontière » (« Pour les espagnols, c’est la mort »). 
Un des plans finaux, symbolique, plusieurs fois repris dans d’autres films militants, montre une vieille femme blanche et un travailleur noir en train de manifester côte à côte, au son de L’Internationale. 

La grande lutte des mineurs, marqué par la guerre froide, fut conçu pour susciter une solidarité active en faveur des mineurs en lutte (dons en nature et en argent, accueil des enfant de grévistes). Il fut interdit par la censure, suite à l’arrêté du 6 décembre 1948 qui soumettait les films non-commerciaux à une censure préalable, ce qui permettait l’interdiction de la plupart des films militants alors produits par le P.C.F. et la C.G.T.. Si cet arrêté visait en priorité « La grande lutte des mineurs », il fut ensuite utilisé couramment utilisé pour interdire les films militants produits durant la guerre froide. Pour éviter (en vain) la censure du film, Louis Daquin assuma la paternité de sa réalisation et Roger Vailland celle de son commentaire. René Vautier, alors assistant-stagiaire, ne put réellement participer au tournage du film puisqu’il fut appréhendé par les C.R.S. sur le port de Dunkerque. 

Générique : La fédération des Travailleurs du sous-sol présente / La grande lutte des mineurs/ Réalisé bénévolement par les techniciens et les travailleurs de l’industrie du film (C.G.T.). RPC N° 56757 
Réalisation : Sous la direction de Louis Daquin 
Images : André Dumaître, Louis Félix, René Vautier Texte, son et montage : Paula Neurisse, Fabienne Tzanck, V Mercanton. 
Musique : ?, Internationale (son direct) 
Commentaire : Roger Vaillant 
Personnalités : Jules Moch 
Lieux et monuments : Nord, Firminy 
Lieux, évènements et personnes cités : Courrières, Petite Recelle, Liévin, Puits Renard ; Grèves de 1941, combats de 1944, Bataille du charbon, Résistance ; Daniel Meyer, Schumann, Lacoste, Jouhaux, Jean Ansec (o?) (mineur tué le 7 octobre à Merlebach), Jules Moch. 

NOTE : A six mois de distance Daquin tourne Le Point du jour, où la documentation est l’aspect préliminaire.et La Grande lutte des mineurs ,sur les grèves de l’automne 1948 et leur violente répression. «Ce n’était pas le metteur en scène qui y allait, c’était le militant. C’est par militantisme que je suis allé au documentaire» écrivait Daquin. 

Découpage : Mines, terrils, descente à la mine / Affiche: « Pour reconstruire la France, il faut du charbon. » / Corons / Meeting / Défilé / Manif / On va chercher des vivres chez les paysans / Boutiques fermées / « Les municipalités communistes de la Région parisienne accueillent les enfants des mineurs. » / Banc titre Huma « Un mineur assassiné à Merlebach » / « L’agitation grandit dans les mines. » 9 oct 48 / ouvriers lisant la V.O / Firminy / les flics chargent / bagarres mineurs CRS / Jules Moch / BT « Moch le menteur. » / les blessés / CRS et auto-mitrailleuses / écrit à la craie sur un mur: « camarades ! serrez les dents, nous les aurons, sans cela c’est le fouet pour nous ! » / grande manif avec drapeaux, charge CRS / CRS = SS / « Mines de Bruay » / Défilé mineurs poings levés.

«La mine, paysages durs et sombres où la poussière noire recouvre tout. La mine, décor de roman, prétexte à belles images, source inépuisable d’effets faciles. Mais la mine qu’est-ce encore ? Surtout et avant tout des hommes. 

Ces hommes descendant sous terre quand le soleil se lève,et ne remontant à la surface qu’avec l’ombre. Ces hommes meurent jeunes parce qu’ils sont imprégnés de cette poussière de charbon qui de mois en mois pénètre dans les poumons. Ces hommes, ce sont les mineurs à qui on a tout demandé et qui ont tout donné: les grèves héroïques de 41 qui entravèrent la guerre des nazis, les combats de 44 qui firent plus proche la victoire, et enfin l’extraordinaire période qui suivi la libération, la bataille du charbon. Alors qu’en 1919, il a fallu cinq années pour compenser la perte causée par la guerre, en 1945, moins de deux années suffirent à combler le retard. Les mineurs relèvent la France avec leurs piques, avec leurs bras, avec leur cœur. 

Et cette période d’enthousiasme et de courage, c’est celle que choisit Daniel Mayer pour traiter les mineurs de «Rouffiana», c’est celle que choisit Schumann pour leur reprocher de travailler le dimanche ! Quel respect brusquement pour les droits syndicaux !

Lieux de consultation: Ciné-Archives, Archives françaises du film »