Vivienne Dick (No wave cinema)

Historique, tiré du site EHESS:

On redécouvre, depuis quelques années, ces bouffées ravageuses de contre-culture avec leurs expressions musicales, cinématographiques, artistiques ou sexuelles en tous genres, dont le New York de la fin des années 1970 fut le cadre ruiné mais stupéfiant et propice. Dans ce contexte, Vivienne Dick apparaît comme l’une des figures iconiques. Avec Nan Goldin, Lydia Lunch, James Nares, Beth et Scott B, Arto Lindsay, Pat Place, Adele Bertei, entre autres, Vivienne Dick appartient en effet à cette génération d’artistes, qui a réalisé des films narratifs auto-produits, généralement en Super-8, s’appropriant l’iconographie des films de série B hollywoodiens, tout en utilisant la musique contemporaine punk et new wave, avec son « aura » et ses icones comme personnages—jusques et y compris, bien sûr, la ville. Ces films étaient d’ailleurs projetés à celles et ceux qui y avaient pris part, dans des lieux souvent alternatifs et beaucoup plus rigolos que ceux du cinéma traditionnel ou de la communauté très masculine du cinéma expérimental établi.
Mais ce que Vivienne Dick (Irlandaise, née en 1950 et vivant d’ailleurs temporairement à New York, qu’elle quitta dès le début des années 80) a apporté à cette culture qualifiée parfois de « No Wave », c’est le féminisme. Et ce, depuis son premier film : Guérillière Talks (un titre en hommage à Monique Wittig et son livre, Les Guerrillères) « livré » à ses personnages féminins occupant chacune un magasin de pellicule, et rythmé par le passage à l’écran des entames du film, comme il était d’usage dans le cinéma de Warhol ou le cinéma « structural » de l’époque. Elle a, ainsi, associé la négativité punk, la colère féministe et un grand intérêt pour la déconstruction psychanalytique (via ses amis Claire Pajaczkowska , Andrew Tyndall, Anthony Mc Call et Jane Weinstock, auteurs du film Sigmund Freud’s Dora, en 1979), résonnant dans la plupart de ses films fabriqués alors. She Had Her Gun All Ready (1978), avec Lydia Lunch et Pat Place, fut d’ailleurs projeté, dès avril 1981, en même temps que Film About a Woman Who . . . (Yvonne Rainer, 1974) et News from Home (Chantal Akerman, 1977). Avec Beauty Becomes the Beast (1979) et Liberty’s Booty (1980), Vivienne Dick s’est intéressée à l’exploitation sexuelle et aux questions de genre et avec Visibility Moderate: A Tourist Film (1981), elle a exploré plus avant la perspective de l’outsider et ses difficultés de représentation.


Repartie pour l’Irlande en 1982, Vivienne Dick s’établit à Londres en 1984, rejoint la London Filmakers Co-operative et continue de faire des films en Super 8, en 16mm et de la vidéo. Elle décide ensuite de reprendre ses études à l’University of the Arts de Londres et est diplômée en 1996. Dick est retournée en Irlande en 2000 et enseigne la réalisation au Galway-Mayo Institute of Technology,
Le travail de Vivienne Dick a été présenté lors de deux grandes rétrospectives : No Wave Cinema 1978-87 (1996) au Whitney Museum de New York et Big as Life : An American History of Super8 Film (1999) au MoMA de New York, où une campagne de restauration des films Super 8 fut entreprise.


Ses films ont également été présentés dans des musées et des festivals comme la Tate Britain,  l’Irish Museum of Modern Art de Dublin, les festivals d’Edinburgh, de Berlin ou d’Oberhausen. Elle a été récompensée plusieurs fois par le British Arts Council et le Irish Film Board (ses films sont aux Irish Film Archives) et a réalisé des films pour Channel 4 (Dazzling Image, Midnight Underground), la BBC (Artrageous, The Late Show) et la RTÉ.  


Guerrillere talks – 1978 – 24 mn

Extrait :

Extrait (avec Lydia Lunch) :

 

LE FILM EST EN ENTIER ICI SUR LE SITE LUX !!!

 Ce premier film utilise huit rouleaux de Kodak Super-8 film pour établir le profil de chaque femme en temps réel. ‘Les sujets’ incluent le lieu. 

Staten island – 1978 – 5 mn

Liberty’s booty – 1980 – 47 mn (extrait ici) :

« Vivienne Dick  établit un parallèle entre la prostitution et le désir du succès si répandu dans la culture américaine. Comme dans ses films précédents, Dick utilise la caméra comme  participant, pour que le film ne soit ni commentaire, ni acte d’accusation, d’autant plus troublant par son exploration franche de la prostitution bourgeoise blanche. Le film n’est pas sentimental dans sa description de la prostitution. Des références culturelles aux années 1960 sont faites à l’aide des hymnes de rock, pendant que la fille suprême de toute l’Amérique – on voit la Statue de la Liberté – exécute un strip-tease ».

Un hommage à Vivienne Dick : Gabrielle Scott – Punks at dawn : or an ode to Vivienne – 3 mn :