Themroc – Claude Faraldo (1972)

FRANCE – EN ENTIER (En 8 parties) – 105 mn

Une espèce d’OVNI du cinéma français, avec un fond anti autoritaire. La qualité des dialogues est somptueuse et particulière. Notons au passage que la police se fait bien allumée dans ce film. 

Une bonne brochette d’acteurs et actrices : Michel Piccoli – Béatrice Romand -Marilù Tolo – Francesca Romana Coluzzi -Romain Bouteille – Coluche – Patrick Dewaere – Henri Guybet – Miou-Miou – Popeck.

 

Iken eiga :

« Themroc créa un mini scandale lors de son passage au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1973. Hors-norme, osant parler frontalement de la libération sexuelle, de l’inceste et nous offrant une scène de caniballisme assez étonante.
Ce qui ne l’empêcha pas de repartir avec le Prix spécial du jury et le Prix d’interprétation masculine pour Michel Piccoli .
Une œuvre à part, déroutante, étonnante mais plutôt intéressante.
 
Themroc est un film pour le moins particuliers, mélange de fable surréaliste, de pamphlet contestataire et d’œuvre ancrée dans le libéralisme social propre aux années 70 en France . Le film accumule les transgressions des tabous les plus intimes de nos société occidentales comme l’inceste ou l’anthropophagie. La censure de l’époque n’hésita d’ailleurs pas à lui infliger une interdiction au moins de 18 ans lors de sa sortie en salle. Bien que les images restent malgré tout assez prude dans l’ensemble, l’esprit et l’ambiance du métrage peuvent facilement déranger voir provoquer le rejet.
Mais pourtant cette œuvre, même si dans son ensemble n’est pas une réussite totale (les traits sont un peu grossiers), apporte une certaine réflexion assez intéressante, parvenant à nous captiver à condition d’accepter, non seulement le propos du film, mais aussi sa forme pour le moins austère ! (ici aucun dialogue compréhensible, seulement quelques borborygmes et autres cris gutturaux…)

Ce film au petit budget bénéficie pourtant d’un casting pour le moins étonnant qui outre la présence de Michel Piccoli (véritable star du cinéma français à l’époque) nous offre quelques visages bien connus, appartenant pour la majorité au célèbre « Café de la Gare » , Coluche, Patrick Dewaere, Romain Bouteille, Miou-Miou, Popeck, Henri Guybet.
Acteurs qui ici se fondent tout en douceur dans l’ambiance surréaliste du film et de cette satire sociale qui se transforme en un conte philosophique, n’apportant pour seule solution à la condition pénible et déshumanisé du travailleur que cette régression animale. 
Refusant l’avenir et le présent conditionné que lui offre sa vie, Themroc (Michel Piccoli) suite à un événement particuliers, décide de s’écarter de cette société qui n’est plus la sienne mais de revenir vers la source de ce qui est le fondement de tout être humain : un animal féroce dont l’instinct de survie le pousse à enfreindre toutes les règles et lois qui ne sont là que pour contenir cet animal rugissant en chacun d’entre nous.
Les acteurs sont très bons dans l’ensemble, mais on retiendra tout particulièrement l’interprétation « animale » de Michel Piccoli qui, à lui seul, parvient à donner vie et une certaine crédibilité à cette œuvre pour le moins étonnante.

La première partie du métrage nous décrit de façon satirique et assez simpliste le monde du travail des années 70 en poussant aux limites du ridicules la logique de cette époque très policé et réglementée (les scènes des peintres s’occupant de la grille et la hiérarchie mise en place par l’entreprise), contrastant avec le comportement de son personnage principal, bien que soumis à ces règles ridicules, où dans son regard troublée l’animal semble déjà présent (surtout les scènes où il reluque sa sœur nue ou encore son patron et sa secrétaire !).

Quand le poids des frustrations se fait trop lourd pour lui et que l’injustice qui le frappe se fait trop douloureuse à encaisser, Themroc craque, ou plutôt libère ce qu’il contient au plus profond de lui même : sa bestialité humaine.
Tel un résistant prenant le maquis, il se réfugie dans sa chambre, reconstituant une sorte de grotte (image pour le moins primitive appropriée à sa régression) en murant la porte et détruisant le mur donnant accès à la rue (tournant ainsi le dos au symbole de la famille, principalement sa mère malade, pour s’ouvrir vers le monde extérieur). Agissant comme un animal dominant, à l’aide d’une échelle en corde, la nuit tombée, il part en chasse de son gibier favori : les policiers !

Bien que le film parle très ouvertement de la libération sexuelle (nous sommes en 1972 !), son véritable ame se trouve dans cette forme d’anarchie primitive, de ce rejet définitif et violent des institutions et de l’autorité en général.
Ici Themroc devient l’animal dominant d’un univers pour le moins particuliers qui jusqu’alors était le terrain de jeu de la police où l’ordre établit semblait servir de mortier à l’édifice fissuré de ces années post mai 68 !

Quand Themroc crie, tel un Lion sur sa savane, tout le quartier, toute la ville, ressent la violence de cette liberté que certains ne tarderont pas ç rejoindre, brisant les chaînes de la justice sociale et de la moralité judéo-chrétienne !
Themroc en chef de horde semble progressivement devenir le maître de la ville, où la loi est dictée par l’instinct et la bestialité, transformant de simples ouvriers en être avides de chairs, tant sur le plan sexuel que sur celui de la nourriture, apportant une forme de plénitude au cœur de chacun.

Au final Themroc est une œuvre pour le moins atypique mais pourtant très ancrée dans les années 70 française, possédant d’excellent acteurs et une réflexion intéressante sur l’Homme et sa nature, dont le réalisateur, sans l’apport du langage « compréhensible, réussi malgré tout à donner un sens profond à son histoire, créant une ambiance très froide et surréaliste brisant les tabous les plus intimes de notre société sans jamais justifier le moindre acte présent sur l’écran si ce n’est pas le retour aux instincts primitifs les plus basiques de l’Homme.

Cet homme qui a battît une société pour se protéger inutilement des dures lois de la nature, car cette nature bestiale, instinctive et violente sommeille au plus profond de son âme et n’attend que le bon moments pour détruire le bel édifice illusoire de la société……
Un film plus intéressant sur le fond que la forme, bien que daté par son image très 70 et des passages assez longuets et simplistes mais qui est une véritable curiosité de note cinéma français pour le moins moribond ! »