Majnoun Layla – Asmahan / Abdelwahab

(Wikipedia) – Majnoun et Leila (مجنون و ليلى en arabe – majnûn : fou (amoureux), laylâ : Leila), Majnûn et Laylâ ou Qays et Layla (قيس وليلى en arabe), est une histoire d’amour populaire d’originearabe (potentiellement préislamique) racontant les péripéties concernant le poète bédouinQays ibn al-Moullawwah et sa cousine Layla al-Amiriyya. Cette histoire, vraisemblable mais dont la véracité demeure disputée, est l’une de plus connues dans le large bassin d’influence de la civilisation islamique (Arabie, Perse, Asie centrale, Inde et Afrique du Nord) et a inspiré de nombreux écrivains et artistes musulmans comme Nizami, Djami, Navoï et Ahmed Chawqi au fil des siècles. L’adaptation perse de Nizami datant du 12e siècle a fortement contribué à sa vaste diffusion dans le continent asiatique.

 

Ici, c’est donc un extrait d’un film égyptien dont je n’ai pas retrouvé les sources (réalisation, année…). Reste que cette séquence est magnifique, et pour cause : l’interprétation musicale est du duo Asmahan (déjà évoquée ICI et LA sur le blog) et Abdelwahab (sans y être acteurs). Cette chanson est parfois considérée comme la plus belle chanson arabe de tous les temps – ainsi le trouve par exemple l’illustre Farid El Atrache.  

Le film a semble t il était inspiré de l’adaptation théâtrale du dramaturge et poète Ahmed Chawqi, dont voici la biographie :

« Ahmed Chawqi (1868 – 23 octobre 1932) (arabe : أحمد شوقي) est un poète et dramaturge égyptien. Considéré comme l’un des pionniers de la littérature arabe moderne, il a notamment introduit les épopées en littérature arabe. Il aussi composé une poésie unique, largement considérée comme la plus importante du mouvement littéraire arabe du XXe siècle.

Né au Caire, Ahmed Chawqi grandit dans un environnement cosmopolite et privilégié: sa famille (d’origine kurde et tcherkesse par son père, mais turque et grecque par sa mère) était influente et en bonnes relations avec la cour du Khédive d’Égypte. Après avoir réussi son baccalauréat, il suivit des études juridiques puis obtint un diplôme en traduction.
Ahmed Chawqi se vit alors offrir un emploi à la cour du Khédive Abbas II d’Égypte, une proposition qu’il a immédiatement acceptée. Il y travailla un an, puis fut envoyé poursuivre ses études de droit durant trois ans en France, d’abord à l’université de Montpellier puis à celle de Paris. Pendant son séjour en France, les œuvres des dramaturges français (en premier lieu Molière et Racine) l’influencèrent fortement. Il obtint un diplôme d’études juridiques le 18 juillet 1893 et rentra en Égypte en 1894. Chawqi fut dès lors une personnalité culturelle influente jusqu’en 1914, lorsque les Britanniques l’exilèrent en Andalousie. Ahmed Chawqi y resta jusqu’en 1920, date de son second retour en Égypte. En 1927, ses pairs le « couronnèrent » Amir al Choâara’ (أمير الشعراء, littéralement : Prince des Poètes) en reconnaissance de son apport considérable à la littérature arabe.

Le théatre est le talon d’achille de la littérature arabe. C’est Ahmed Chawki, « le prince des poétes » qui a repris à son compte l’histoire de Majnoun Leyla ,pour en faire une tragédie thêatrale en vers , dans le style des tragédies de Racine et de Corneille , dramaturges qu’il a étudiés et qui l’ont beaucoup influencé. »

 

Le cinéma a consacré beaucoup de films à Qays et Layla, ou le fou de layla (majnoun Layla) : films arabes, asiatiques et indiens tout particulièrement. A titre d’exemples :

– Layla ma raison, film tunisien de Taïeb Louhichi (1989) – ouverture en VOSTF :

 

Laila Majnu, film indien de Harnam Singh Rawail (1976) – Sans doute le plus populaire et célèbre parmi les film indiens ayant adapté cette histoire :

 

Dans le registre musical, je renvoie également à cette interprétation d’Abed Azrié, « Le fou de Layla », de son très bel album Lapis Lazuli (mais Abed Azrie a t il fait un « mauvais album » ?), cheminement à travers la poésie légendaire des amants et des mystiques accompagné d’un ensemble instrumental d’Orient et d’Occident :

Le corps de Layla resplendit

dans ses vêtements, branche couverte

de jeunes pousses.

Par Dieu, as-tu étreint Layla

à l’aube ou embrassé sa bouche?

Si je la touche, ma main

se couvre de rosée,

des feuilles vertes vertes poussent

au bout de mes doigts.

A mes compagnons je dis:

elle est aussi proche

que la lumière du soleil,

et pour l’atteindre aussi lointaine.

Les gens disent que je suis fou,

obsédé par son image,

par Dieu, je jure:

je ne suis ni fou ni ensorcelé.

De l’amour de Layla je me suis soigné

tel un buveur de vin

en buvant encore plus.

Imrul Qays (mort en 668)

Une réflexion sur “Majnoun Layla – Asmahan / Abdelwahab

  1. J’ajouterais une source non explorée dans ton article: les proses (« Le Livre du dedans ») et poèmes de Rumi, mystique et poète soufiste. L’histoire de Majnoun et Layla y est reprise pour illustrer l’Amour …

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