Race d’EP, un siècle d’images de l’homosexualité – Lionel Soukaz, Guy Hocquenghem (1979)

Race d’EP, un siècle d’images de l’homosexualité – Lionel Soukaz, Guy Hocquenghem – EN ENTIER – 1979 – 90 mn

C’est tout à fait par hasard que je viens de découvrir Lionel Soukaz. Adepte du super 8 depuis les années 70, outil cinématographique qui permet notamment d’échapper à la censure, il utilise également, depuis les années 90,  la DV et le téléphone portable : « Avant le super 8 était un outil idéal pour filmer et montrer les sujets tabous comme l’homosexualité: hors commerce, hors censure, on avait une véritable liberté. C’est sans aucun doute ce qu’on retrouve avec le portable aujourd’hui. »

Lionel Soukaz développe une part importante de ses réalisations quant à l’homosexualité et a également milité au sein de collectifs comme le FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) et le MLAC (Mouvement de Libération de l’Avortement et de la Contraception). Il contribue à la mise en place de festivals de films gays et subit la répression. Déclinant son oeuvre dans une certaine marginalité, qu’on pourrait qualifier d’ « underground » et/ou d’ « expérimental », il ne faut pas en tirer une espèce de satisfaction de « ghettoisation » des minorités. Dans une interview, à propos des festivals gays et lesbiens, il s’exprime ainsi : « C’est très bien oui, et je les soutiens tous mais le côté « ghetto » m’ennuie un peu. À l’Étrange Festival, ça me plaît de voir un public varié. Les films sexuels sont politiques, les films politiques sont sexuels, on ne peut pas les différencier comme on ne peut pas différencier la pensée du corps. Avant tout, je pense que toute sexualité est une éternelle possibilité de changement. » Puis, à la question « est-il encore besoin de se battre ? « , il répond : « En ce moment, je suis très proche de collectifs comme Existrans. Ce qui se passe aujourd’hui avec les transsexuels, c’est un peu ce qui se passait avec nous à l’époque. Nous, on témoignait du rapport avec les Arabes, de l’homosexualité, d’une autre manière de vivre. Quand on voit les female to male et les male to female aujourd’hui, ils ont d’autres revendications, d’autres raisons de se révolter. On est bien loin d’Herculine Barbin, qui n’a vu d’autre solution que le suicide. » J’en profite pour renvoyer à la note consacrée au film « Beware » abordant les trans, à la campagne « Voilà les T » et à une interview de Lalla Kowska Régnier, qui a par ailleurs publié un article fort intéressant tout récemment, intitulé Echappées belles et accessible ICI. Nous y trouvons notamment des propos discordants avec certains slogans du collectif Existrans (évoqué par Soukaz), tel le « des papiers si je veux quand je veux », qui est un « pied de nez à la lutte des sans papiers, a été comme un crachat aux visages de toutes celles et de tous ceux qui subissent la précarité sociale, affective, sanitaire. Précarité qui résulte de la clandestinité dans laquelle sont forcées les personnes trans en attente de changement d’état civil. Alors que cette sous citoyenneté acculent des personnes au suicide, je trouvais ça indigne d’en faire le dildo politique d’une communauté queer qui par ailleurs exclut les personnes transexuées » précise par ailleurs Lalla Kowska Régnier.

Soukaz semble aborder, par ailleurs, de nombreuses thématiques. En témoigne par exemple Texas chain political massacre (cliquer ici), court métrage percutant, qui, je le confesse, a été en fait ma première découverte de Soukaz. Sa proximité avec certaines luttes sociales, trajectoires philosophiques (ainsi René Shérer), ou encore certains cinémas (telles les oeuvres de René Vautier ou encore de Carole Roussopoulos, qui fut l’une des pionnières de l’usage video militante)… sont palpables également en jetant un oeil sur sa chaîne you tube qui relaie énormément de documents visuels intéressants. Pour poursuivre cette présentation toute sommaire (je ne vais pas faire mon « spécialiste » du parcours et de l’oeuvre de Soukaz, je découvre à peine), je renvoie à cette interview vidéo très intéressante (20 mn) et postée sur le site internet Culturopoing (cliquer ICI). Avec un excellent retour, par exemple, sur une citation de Pasolini, que je vous laisse découvrir. Il y revient aussi sur l’usage de You tube, et ses limites. On y apprend que des parties de Race d’EP ne peuvent y figurer, à cause de la censure…

Race d’EP est co-réalisé en 1979 avec Guy Hocquenghem, qui écrit et joue pour le film. Le film connut une censure à sa sortie, officiellement à cause de la présence des sexes, et fut classé « X ». Dès lors un soutien se manifeste de la part, entre autres, de Foucault, Simone de Beauvoir, Deleuze, Sartre, Barthes… Bien que finalement autorisée à la diffusion sans la classification « X »,  l’oeuvre a été ôtée de certains passages, lui conférant toujours un statut de film censuré. Lionel Soukaz a publié sur you tube des « rushes retrouvés » mais je ne saurai dire s’ils correspondent à la censure établie. Toujours est-il que cette censure tenace le conduira à réaliser son film suivant sous le titre « Ixe« .

Le film, qui se consacre à un « siècle d’images de l’homosexualité », se divise en quatre grandes parties : Le temps de la pose – Des années folles à l’extermination –  – Royal Opéra… et une parie dont je n’ai pas retrouvé le titre. Il semblerait que la diffusion de la version de l’oeuvre « acceptée » ait été largement modifiée, et je ne sais dans quelle mesure elle englobe l’ensemble des parties.

J’en poste ci-dessous les parties trouvables sur you tube, dans l’ordre chronologique des parties, tandis que le film, après une introduction, démarre à l’invention du terme « homosexuel », en 1860.

Introduction 

 

Le temps de la pose 

Rushes retrouvés 1

Rushes retrouvés 2

 

Les années 30 – 1

Les années 30 – 2

Les années 30 – 3

Rushes retrouvés Les années 30 

 

Royal Opera 1

Royal Opera 2

 

Final

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